30 août – Moissac à Auvillar, 18 + 3 km

Nous quittons le gîte de l’Ancien Carmel à 7h45 ce matin. Le ciel est couvert et le temps encore frais.  Nous avons le choix entre le GR65 qui passe par les collines ou la variante qui longe le canal de la Garonne et de Golfech pendant 13 km. Nous choisissons le chemin le plus facile qui nous fait économiser de surcroît 2 km. Le chemin du canal est pavé et très fréquenté par les cyclistes. Il y a aussi plusieurs écluses et nous voyons passer quelques bateaux.

Au départ de l'Ancien Carmel à Moissac

Le canal de la Garonne à Moissac

Houseboat sur le canal

A l'ombre d'un platane
Nous croisons un cycliste qui est heureux de rencontrer des canadiens car dans quelques jours, il part pour Montréal où il fera son doctorat en droit à L’UQAM. Nous lui souhaitons de rencontrer une jolie et gentille montréalaise et de s’établir chez nous.  

Un peu après Malause, nous traversons sur la rive nord du canal  et pouvons enfin marcher sur un sentier de terre battu. Selon notre plan, nous savons que nous devons traverser à nouveau sur la rive sud après Pommevic, mais nous manquons la balise qui était, paraît-il, sur le pont. C’est ainsi que nous nous rendons jusqu’à la ville de Valence d’Agens pour traverser le pont et revenir vers Auvillar par la route D11 qui est très achalandée.  Ce détour nous a pris 45 minutes et ajouté 3 km à notre itinéraire de la journée. A 14h, nous nous arrêtons à l’église d’Espalais pour manger et nous retrouvons le couple d’hollandais rencontré le long du canal.  Ils avaient bien vu que nous avions manqué la balise, mais nous étions déjà trop loin pour nous en avertir. 

En traversant le canal de la Garonne

Un houseboat de luxe


Sur le pont d'Auvillar
 Nous arrivons finalement à Auvillar vers 15h00 et nous nous installons au gîte Le Petit Baladin où nous sommes accueillis par Caroline, la propriétaire toujours souriante. C’est une très grande maison à trois étages avec de nombreux jardins et terrasses. Nous avons une grande chambre, une cuisine et un patio pour nous deux. Le vrai confort.  Auvillar est un charmant village situé le long de la Garonne, avec une halle circulaire au centre. Il est classé parmi les plus beaux villages de France. 

Notre gîte le Baladin

Place de la Halle à Auvillar

Place de l'Horloge
Caroline a travaillé pendant 35 ans dans la restauration, ceci vous donne une idée de la qualité du repas qu’elle nous sert.  Nous sommes ses deux seuls clients ce soir et elle nous gâte.  Si vous voulez goûter à sa cuisine, dépêchez-vous de venir car elle envisage de prendre sa retraite dans deux ans. Elle et son mari ont le sens de la décoration et récupèrent des objets hétéroclites qu’ils placent sur les murs et le plafond.

La terrasse au gîte le Baladin

La salade préparée par Caroline

Caroline nous apporte des manchons de canard
En soirée, la pluie débute et nous avons même droit à du tonnerre.  Il semble que nous partirons sous la pluie jeudi matin.

29 août – Durfort à Moissac, 14 km

Solange, la propriétaire du gîte le Pigeonnier, vient nous souhaiter « bonne route » avant notre départ et nous fait quelques suggestions pour raccourcir notre marche jusqu’à Moissac. Marie et Solange, voilà des femmes de qui nous garderons un merveilleux souvenir sur ce Chemin. Le temps est encore frais ce matin à 8h15 et les champs de tournesol et de vignes profitent bien de la clarté du matin.

Le gîte le Pigeonnier

Paysage du matin à Durfort



A l’épicerie Vival, nous rencontrons deux dames françaises qui arrivent en taxi avec sacs à dos et bâtons de marche. Elles sont parties de Lauzerte et ne voulaient pas marcher 29 km aujourd’hui à cause de la chaleur, donc elles ont choisi cette alternative. Nous prenons le raccourci suggéré par Solange, tandis que les dames préfèrent suivre fidèlement le GR65.

Nous arrivons à une rue bordée de platanes. Deux alternatives s'offrent à nous : longer la route D16 jusqu’à Moissac, ce qui veut dire marcher en plein soleil, ou prendre le chemin GR65 par le champ qui nous semble pas trop s’éloigner de la D16. Nous choisissons la 2e option car nous en avons assez de marcher sur la route goudronnée.  Mais le GR65 est capricieux et ne rend pas la vie facile aux pèlerins. Au début, Il grimpe sur les collines par des sentiers pierreux et s’éloignent de plus en plus de la route que nous apercevons au loin. Comme pour se faire pardonner, au haut d’une bonne montée, il nous permet de nous reposer à une halte Chemin de Compostelle. Nous nous y arrêtons pour manger les bonnes pêches de Solange.  

Route bordée de platanes
Pendant plusieurs kilomètres nous marchons sur une petite route de campagne peu fréquentée où les fermes sont très jolies. Dans les champs de vignes, près de la chapelle d’Espis, des femmes cueillent les raisins chasselas, qui font la fierté de cette région.  Nous en profitons pour jaser un peu avec elle, sans trop les retarder dans leur travail.


Un vignoble à Espis
Il fait maintenant très chaud et nous avons hâte d’arriver au gîte de l’Ancien Carmel, sur les hauteurs de Moissac.  Solange nous avait dit de prendre le chemin qui passe au nord de la ville afin d’éviter de traverser la ville par le grand boulevard.  Nous prenons donc la variante du GR65.  On nous avait dit « ça va monter beaucoup ».  Pourtant cette rue, bordée de maisons assez récentes, ne monte pas vraiment et il y a beaucoup de chiens qui jappent à notre passage. Au bout de la rue, nous arrivons à un champ où nous voyons l’écriteau « Terrain privé ».  Nous rebroussons chemin et demandons à un résident de nous indiquer le sentier qui conduit à l’Ancien Carmel.  Comme nous n’avons pas vu de signalisation à notre passage, nous lui demandons de venir nous montrer le début du sentier.  Il y avait une minuscule affiche sur le côté d’un sentier, tout aussi minuscule, et c’était juste à côté des chiens jappeurs.  Nous grimpons tout en haut du sentier, prenons une route à notre droite et continuons jusqu’au bout.  Pour être certaine que nous marchons dans la bonne direction, je frappe à une porte et m’informe.  On me confirme que oui, et le gentil monsieur nous donne des indications supplémentaires. Il faut continuer sur la route, descendre à nouveau par un sentier abrupt et nous arrivons en ville.  La dernière montée est pour arriver à l’Ancien Carmel, au haut d’une autre colline. Nous y arrivons à 13h50 et le gîte ouvre à 14h00. Heureusement, il y a une table et des chaises à l’extérieur où nous pouvons boire la soupe Gaspacho qui est dans nos sacs, en attendant l’ouverture.  Est-ce que la variante était un raccourci? J’en doute. Je crois que le 14 km était plutôt 18 km en ajoutant la distance parcourue inutilement dans la variante.

Tout là haut, l'Ancien Carmel
Après la douche et le lavage de vêtements, nous allons nous promener dans la ville.  La cathédrale, l’abbaye et le cloître sont des endroits magnifiques… il paraît… car nous manquons d’énergie pour aller les visiter.  Après avoir retiré des euros à la banque, nous revenons nous reposer à l’Ancien Carmel.  Nous sommes seulement 8 personnes à prendre le repas ce soir.  Les pèlerins ne doivent pas être difficiles mais je dois dire que le repas est très moyen, quelques légumes auraient été les bienvenus. Malgré l'amabilité des hospitaliers, ce grand bâtiment manque de chaleur humaine et me rappelle mes années de pensionnat.

La grande place de Moissac

La cathédrale

La bibliothèque qui n'a pas d'internet

28 août – Lauzerte à Durfort-Lacapelette, 15 km

Vous êtes chanceux, deux récits aujourd’hui.  C’est ce qui arrive quand l’internet ne veut pas se connecter, nous accusons du retard.

Encore une journée de 36 degrés s’annonce, nous partons donc à 8h00 ce matin en espérant avoir deux bonnes heures de marche avant d’atteindre les 30 degrés. Nous traversons Lauzerte, puis redescendons vers la campagne. En cours de route, nous voyons une plaque dédiée à la nation des indiens du Québec. On peut y lire la pensée suivante qui est si juste « La terre n’appartient pas à l’homme, c’est l’homme qui appartient à la terre ».

Dans les rues de Lauzerte

La descente de la cité médiévale

Un hommage aux indiens d'Amérique

Au loin, Lauzerte
 C’est notre 4e journée de marche et elle nous semble plus difficile. Mon amie Lyne, qui fait des voyages en vélo, m’a dit que c’était la même chose pour elle, le chiffre fatidique est « 4 ». Nous entreprenons les montées plus tranquillement et cherchons à nous abriter sous les arbres le plus souvent possible.  Heureusement, il y a trois haltes sur le Chemin de Compostelle aujourd’hui et nous en profitons bien. Les hameaux se suivent et nous admirons les jolies maisons plus que centenaires.

Halte sur le Chemin de Compostelle


Une maison plus que centenaire
Nous nous arrêtons à la chapelle de Saint-Sernin pour remplir nos gourdes. Un peu plus loin, des fruits sont offerts « donativo » sur une table. Des pommes se retrouvent dans nos sacs moyennant une contribution.
La chapelle St-Sernin

Une table de fruits "donativo"
Il nous reste maintenant 7 km à parcourir pour arriver à Durfort-Lacapelette mais avant, nous devons marcher le long de la route en plein soleil sur 1,5 km qui nous semblent interminables. Nous sommes soulagés quand nous voyons le marqueur du GR65 bifurquer vers un sentier ombragé, même s’il prend un peu d’altitude.

Le long de la route, il fait chaud
Nous arrivons au village à 12h30 et cherchons la boulangerie ou un restaurant.  La boulangerie a fermé ses portes il y a quelque temps et  le Relais Saint-Jacques ne sert pas de repas. Heureusement, il y a une petite épicerie adjacente où nous achetons des croissants, des boîtes de thon, d’olives vertes et des breuvages que nous dégustons à l’ombre.

Nous reprenons la route pour le gîte à la ferme Le Pigeonnier de Figué-Haut où nous arrivons en quinze minutes.  Une belle surprise nous attend. Nous avons le gîte de la maison d’Adèle à nous seuls car Solange n’a pas d’autres réservations aujourd’hui.  C’est comme être à la maison et ce soir je cuisine le pâté chinois déshydraté que nous transportons dans nos sacs depuis le départ de la maison. La chaleur étant tombée, nous soupons sur la table de pique-nique devant les champs de culture. Solange nous a même offert du vin rouge qu’ils produisent eux-mêmes.


Souper au Pigeonnier 

27 août – Montcuq à Lauzerte, 15 km

Déjà à 6h30, les quatre français quittent le gîte.  Ils veulent parcourir 30 km aujourd’hui et la journée s’annonce encore très chaude.  Comme je sors les œufs à la coque qui traînent dans mon sac depuis deux jours, Marie me dit de les jeter car, selon elle, ils ne sont plus bons. Plutôt, elle nous fait des œufs à la poêle, ce qui est un spécial et diffère beaucoup des petits déjeuners français.

Nous quittons Marie et Vincent vers 8h45, beaucoup plus tard que nous avions prévu car nous sommes si bien en leur compagnie. Vincent promet de venir aider Serge à ramasser ses feuilles à l’automne, ce qui leur vaut le surnom attribué affectueusement par Marie « des deux idiots du village ».

En quittant Montcuq
Nous marchons sous un ciel nuageux chargé d’humidité.  Aujourd’hui le parcours est plus agréable.  Nous traversons quelques hameaux et rencontrons des randonneurs de la région à pied et à vélo.  Il y a toujours des champs de tournesol un peu partout qui souffrent évidemment du manque d’eau.  A chaque hameau, nous espérons voir une petite cantine pour nous reposer et manger un peu.  Il y a une bonne âme qui a pensé aux pauvres marcheurs et qui a installé une table sur le bord de la route avec de l’eau, du café, du thé et un panier de pêches ainsi qu’un bol pour déposer des sous selon le bon vouloir.  Nous nous laissons tenter par les pêches. Nous marchons dans l’esprit du chemin, avec résilience, acceptant la faim, la fatigue, la chaleur et la sueur qui nous coule au bout du menton. 

Les champs de tournesol ont l'air bien triste

Avec mon  chiffon J pour essuyer la sueur
A environ 3 km de Lauzerte, une longue descente débute sur des marches de ciment avec une rampe pour assurer notre sécurité.  Nous arrivons enfin à Lauzerte et apercevons tout au haut de la coline la cité médiévale, et nous commençons à remonter tout ce que nous avons descendu. 

La descente vers Lauzerte

Enfin de l'eau!

Des champs de millet, nous a dit un randonneur
Nous arrivons au gîte Les Figuiers vers 13h15. Nous y laissons nos sacs et continuons notre montée jusqu’en haut de la cité.  Pas très loin du gîte, nous faisons la connaissance de Nestor, un gentil âne qui broute paisiblement le long du chemin.  Son propriétaire a aussi trois autres jeunes ânes dans l’enclos voisin.  Ils sont ici pour amuser les enfants au cours de la fin de semaine, à l’occasion de la Fête Médiévale. 

Voici Nestor, le gentil âne

... et ses trois copins
Je meurs de faim et Serge veut absolument manger des crêpes.  Il me force à descendre de la cité jusqu’au quartier des commerces où se trouve la crêperie.  Nous entrons dans le restaurant à 14h00 et le propriétaire nous dit qu’ils ne servent plus de repas pour le midi.  C’est donc au restaurant voisin que nous allons manger une salade du pays pour moi et une galette bretonne pour Serge. Heureusement que c’était très bon car j’aurais bougonné longtemps en remontant à la cité médiévale. Après avoir passé quelque temps à regarder les performeurs sur la place centrale, nous retournons au gîte. Notre chambre est grande, avec salle de bain complète, mais il y fait très chaud. Heureusement, il y a deux grandes fenêtres que nous pourrons ouvrir cette nuit pour nous rafraîchir.

A la fête médiévale de Lauzerte
Un bon restaurant à Lauzerte

Et la fête médiévale continue ...
Nous sommes 20 personnes ce soir au gîte. A notre table, il y a des français, des belges, des portugais et nous les canadiens.  Le vin aidant, ça jase et ça rigole fort. Malgré cela, à 21h30 les randonneurs regagnent leurs chambres ou dortoirs et le gîte devient bien calme.


Au menu: saucisse, ratatouille et figues cuites

26 août – Trigodina à Montcuq, 18 km

Nous quittons Trigodina à 8h15 après avoir fait nos adieux à Rémi et à nos compagnons allemands et autrichiens. La chaleur n’est pas encore installée et nous marchons d’un pas rapide dans la campagne qui est si calme le matin. Nous traversons des champs de tournesol et de tabac. 

Nos adieux à la ferme de Rémi

Des champs de tournesol
Un champ de tabac
Au bout de 10 km, nous nous arrêtons à Lascabane où nous trouvons la cantine La P’tite Pause.  Nous nous laissons tenter par les tartes aux pommes et aux nectarines. J’ai préféré celle aux nectarines. Il y a maintenant des toilettes sur le chemin, comme celle à  St-Jean le Froid, mais n’oubliez pas votre papier de toilette.

A la cantine La P'tite Pause

Voyez-vous Serge dans la toilette?
Le soleil brille à plein ciel et la chaleur s’installe de plus en plus.  Les huit derniers kilomètres jusqu’à Montcuq nous paraissent interminables.  Aujourd’hui, nous n’avons rencontré aucun marcheur ni d’animaux dans les champs, ni d’amis français pour nous tenir compagnie. Nous nous sentons seuls au monde.


 Nous arrivons à Montcuq à 14h15, tout dégoulinant de sueur.  Est-ce pour cela qu’au Café de Paris, on nous dit qu’ils ne servent plus de déjeuner? Heureusement, le propriétaire du restaurant voisin, Grambergen, nous accueille gentiment et nous dégustons de bonnes salades bien méritées. Le thermomètre de la pharmacie indique 36 degrés Celsius.

Nous nous installons au gîte le Cantourel. Marie est une bonne amie de Rémi du gîte de Trigodina et elle nous attendait.  Le seul avantage de cette canicule est que les vêtements sèchent rapidement sur les sèche-linge.

 Avec nous au gîte il y a Georges, un allemand qui ne parle ni français ni anglais (pauve lui) et deux couples français qui débutent leur randonnée à Montcuq. Juste avant souper, Erns, notre compagnon autrichien d’hier, arrive. Maintenant Georges a quelqu’un avec qui parler et Erns fait la traduction de l’anglais vers l’allemand.  Ce soir tout le monde est fatigué et à 10h00 les lumières s’éteignent.


Un excellent repas à la Cantourel